
Pour ceux d’entre nous qui ont connu l’époque des outils électroportatifs fabriqués « tout en métal », l’arrivée d’outils dotés de boitier en plastique a été perçue, à tort, comme une diminution de la qualité. Comme si le plastique était un matériau inférieur au métal et un moyen pour les fabricants de réduire leurs coûts de fabrication afin de faire davantage de profit. Bien qu’il soit probable que les premiers outils fabriqués partiellement en plastique n’étaient pas l’équivalent de leurs prédécesseurs métallique, cette lecture de la réalité ne tient plus la route.
En effet, les recherches dans le domaine des plastiques se sont poursuivies au cours des dernières décennies et ce matériau s’est amélioré au point où il existe aujourd’hui des plastiques devenus presque indestructibles. En fait utiliser le terme plastique de façon générique est peu représentatif puisqu’il existe plus de 10 000 produits différents. On choisit le bon plastique en fonction de l’application finale. Ceux qui sont principalement utilisés dans l’outillage sont les polycarbonates, les nylons et l’ABS. La plupart sont additionnés de fibre de verre pour améliorer sa rigidité.
On lui attribue d’ailleurs de nombreuses qualités que le métal ne pourra jamais posséder. La première et la plus évidente étant le poids puisque le plastique est beaucoup plus léger, pour un volume donné, que le métal. Comme nous préférons tous des outils plus légers, plus l’apport en plastique est important, moins l’outil sera lourd.
Le deuxième avantage, et il est de taille, concerne la résistance aux chocs. Si le bon plastique est employé au bon endroit pour la fabrication d’un boitier d’outil, lors d’une chute, il aura une plus grande capacité pour absorber le choc, protéger les composantes internes, ou même rebondir sur le sol. Dans l’éventualité où il se briserait, l’outil sera probablement plus facile à réparer puisqu’il suffira de remplacer la pièce en entier. Un boitier d’outil en métal est peut-être en apparence plus solide, mais son poids plus élevé fera en sorte que le boitier tombera lourdement au sol et le métal pliera ou exhibera une bosse. Ce dommage permanent peut nuire au fonctionnement d’une autre composante à l’intérieur du boitier. De plus, comme le métal est très dur, il transmet également le choc à toutes les composantes internes de l’outil. Bref, ce qu’il faut retenir, c’est que si vous avez deux boitiers d’outil bien conçus, l’un en métal et l’autre en plastique, et que vous les laissez tomber d’une hauteur déterminée, le boitier en plastique risque de subir moins de dommage.
La troisième qualité du plastique touche à la transmission de la chaleur et à sa conductivité électrique. Il n’était pas rare, pour un outil équipé d’un boitier en métal, de devenir tellement chaud au contact après une utilisation prolongée, qu’il devenait inconfortable à tenir en main. Le boitier en plastique peut devenir chaud également, mais il réussira plus facilement à isoler l’utilisateur de la chaleur générée par l’outil. Enfin, les plastiques utilisés pour les boitiers d’outils ont une faible conductivité électrique, ce qui leur permet de jouer le rôle isolateur électrique contrairement au métal. Donc, certains outils avec un boitier métallique pouvaient exposer son utilisateur à une électrocution si l’outil était utilisé sous la pluie ou dans un environnement détrempé. À cet égard, l’outil avec un boitier en plastique est nettement plus sécuritaire. C’est la raison pour laquelle sur la plupart des outils, il n’y a plus de fil de mise à terre puisqu’ils sont doublement isolés.
L’introduction des plastiques dans le monde de l’outillage a également permis aux fabricants de créer une plus grande panoplie de produits, puisqu’il est possible, en dosant la quantité de composantes de plastique, de fabriquer un outil pour un usage précis et d’en contrôler son prix de vente. La fabrication d’un boitier en plastique est moins coûteuse à produire puisque plusieurs fonctionnalités peuvent être incluses dans la pièce moulée et le tout se fabrique en une seule étape. Ceci étant dit, il n’est évidemment pas souhaitable de se retrouver avec du plastique partout. Certaines composantes ne peuvent être remplacées par du plastique sans compromettre sérieusement la qualité ou la durabilité du produit. À titre d’exemple, les engrenages des perceuses bas de gamme sont souvent fabriqués en polyacetal, un matériau certes résistant, mais incapable de soutenir une forte charge de travail. Il conviendra à un usage léger et occasionnel autour de la maison, mais ne peut, en aucun cas, faire le même travail qu’une perceuse équipée d’engrenages métalliques de qualité.
En conclusion, il faut simplement voir l’arrivée du plastique dans le monde de l’outillage comme un matériau qui a apporté son lot d’améliorations tout en décuplant les possibilités. Bien entendu, certains fabricants en ont abusé et ont offert des produits de piètre qualité, mais il s’agirait d’une grave erreur de juger ce dérivé du pétrole que sur ces quelques échecs. Aujourd’hui, le plastique fait partie intégrante de l’outillage et on le retrouve partout, et ce, même dans les produits les plus haut de gamme.
Cet article a été rédigé avec la collaboration de notre collaborateur Robert Gauthier, qui a travaillé pour l’industrie de l’outillage.
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